Patrimoine industriel
« Petite Alsace », « Mulhouse des Pyrénées », « Petit Manchester »… En pleine révolution industrielle du XIXe siècle, les comparaisons flatteuses se sont multipliées pour rendre compte du développement manufacturier de la région de Nay, alors érigée en exemple pour l’ensemble du département. Qu’il s’agisse des premières filatures de coton et fabriques mécaniques de bérets du département, des tissages de toiles du Béarn, des forges, ou encore des usines de meubles et de chapelets, tout concoure alors à assurer la renommée économique du territoire.
Cet essor productif mobilisant plusieurs milliers d’ouvriers plongeait en réalité ses racines plusieurs siècles en avant. Impulsant un mouvement de modernisation, le XVIe siècle marquait une étape fondamentale dans l’émergence de la vocation productive de la région de Nay.
Cette véritable tradition industrielle marque encore aujourd’hui de son empreinte le Pays de Nay, de par un héritage à la fois paysager, technique et économique.
Un patrimoine d’une amplitude historique inégalée
Le Pays de Nay présente la particularité d’avoir conservé de précieux témoignages architecturaux de toutes les étapes de son industrialisation, rendant compte de manière exemplaire de transformations qui ont animé toute l’Europe.
Le travail à domicile
La mobilisation d’une force de travail diffuse dans les bourgs et les campagnes constitue une première organisation du travail qui se maintient bien après l’introduction des premières machines. L’habitat de ces centaines de travailleurs à domicile reflète la diversité de leur condition, du paysan pluriactif au prolétaire rural en passant par l’artisan.
Maison de fabricant de chapelets à Lestelle-Bétharram
Forges et manufactures royales : les premières concentrations usinières
Caractéristique de la sidérurgie traditionnelle pyrénéenne, la forge d’Arthez-d’Asson (XVI-XIXe siècle) mobilise plusieurs centaines de travailleurs, au point d’engendrer autour d’elle la création d’une nouvelle commune. Particulièrement discrète dans le paysage, elle tire ses ressources de son environnement immédiat : minerai de fer de la montagne, charbon de la forêt et force motrice des rivières.
Quant à la manufacture royale de bonnets à la façon de Tunis de Nay (vers 1750), elle inaugure l’architecture industrielle moderne et démontre l’existence précoce d’une production aux horizons exclusivement mondiaux.
Vestiges de la forge d’Arthez-d’Asson
La Manufacture Royale de Nay
Des moulins aux grandes usines
S’appuyant sur un imposant réseau de canaux hydrauliques et sur le recrutement de mécaniciens de renom, les industriels du Pays de Nay transforment progressivement de nombreux moulins en vastes usines destinées à recevoir les nouveaux procédés mécaniques. Le Pays de Nay offre ainsi un catalogue complet d’architecture industrielle de caractère, des imposants bâtiments à étages aux volumineuses halles à charpente métallique.
L’usine de meubles Gibert à Nay
Les projets de valorisation de la CCPN
Mise en place d’un dispositif d’interprétation du patrimoine industriel
Un ensemble de parcours d’interprétation permettra de mettre en lumière cette facette fondamentale mais méconnue de l’histoire du Pays de Nay en rappelant les liens étroits qui unissent l’industrie aux grands emblèmes de l’identité béarnaise et pyrénéenne comme l’agriculture, les bastides, le costume traditionnel ou encore les grands pèlerinages.
Mise en valeur de la forge d'Arthez-d'Asson
Le site de la forge d'Arthez-d'Asson constitue le cœur de la sidérurgie traditionnelle béarnaise. C'est là, à mi-chemin entre la mine de Baburet et les ateliers de clous et d'outils du piémont, que le minerai de fer a été transformé en métal d'au moins 1588 jusqu'en 1866. C'est également à partir du château qui surplombe l'établissement que les maîtres de forges ont organisé à leur profit toute une filière complexe, intégrant aussi bien la gestion drastique des ressources forestières que la création de nouvelles communes. Préservée de la destruction par l'exploitation d'une centrale hydroélectrique, les vestiges de la forge d'Arthez-d'Asson offrent au final un témoignage unique de l'influence profonde des activités industrielles sur l'histoire et la construction du territoire du Pays de Nay. Une mise en valeur paysagère agrémentée d'un dispositif d'interprétation permettra bientôt d'en découvrir les secrets.
Constitution d’un réseau d’acteurs du patrimoine industriel
Musées, associations, entreprises… Différents acteurs du Pays de Nay se distinguent comme étant les héritiers de la tradition industrielle du territoire, soit qu’ils aient investi une usine reconvertie, soit qu’ils perpétuent la transmission des savoir-faire, soit qu’ils consacrent leurs effort à la connaissance de cette histoire.
La Communauté de Communes souhaite les organiser en réseau pour nourrir un grand projet de mise en valeur, entre valorisation de l’identité locale, développement économique et attractivité touristique et culturelle du territoire.
Le Musée de l’Industrie de la Maison Carrée de Nay est l’un des membres du réseau du patrimoine industriel
Sauvegarde des usines Berchon
Exemple unique d’usine monumentale localisée dans le périmètre historique d’une bastide, l’usine de bonneterie Berchon de Nay fut jusque dans les années 1980 l’une des principales entreprises de la région. Ayant accueilli les toutes premières entreprises d’aéronautique du territoire durant la Seconde Guerre mondiale, elle incarne également la passerelle entre les industries traditionnelles et les secteurs d’activités les plus modernes.
La reconversion du grand hall de ces usines constitue en outre un enjeu fort pour l’affirmation de la centralité à la fois à l’échelle de la commune de Nay et de l’intercommunalité. La ville de Nay et la Communauté de Communes du Pays de Nay ont ainsi adressé en commun une demande de protection des usines Berchon au titre des Monuments Historiques tout en développant des projets structurants de reconversion.
Le grand hall des usines Berchon de Nay