Les Savoir-faire
- Les sonnailles Daban
C’est en 1789, que Jean-Bernard Daban s’installe à Nay et fonde en 1795, la maison Daban. A ce moment là, il ne pouvait pas savoir que 200 ans plus tard, la 5ème génération de Daban, deviendrait le dernier fabricant de véritables sonnailles des Pyrénées. Mais ce savoir-faire remonte a bien avant, le 1er fabricant de sonnailles de la famille serait né à Sainte Suzanne (quartier d’Oloron) vers 1630-1650.
L’installation se fait à Nay car cet ancêtre a suivi les filons d’argiles, matière première nécessaire à la cuisson des sonnailles. Le 1er atelier avait été installé dans un moulin, au bord du gave afin de bénéficier de la force hydraulique, mais ce dernier en a malheureusement subi les crues et a été emporté ; à partir de là l’atelier est transféré à la rue des Pyrénées, pour à nouveau être déplacé à Bourdettes en 2008.
La fabrication d’une sonnaille repose sur 5 étapes de conception :
- le façonnage de la cloche, qui est ensuite enveloppée dans une feuille de papier journal pour l’isoler de l’argile et éviter que la sonnaille rouille. Ce procédé permet l’émanation de carbone au cours de la cuisson, qui décape à la fois les pièces et aide à la répartition homogène du laiton.
Anecdote historique : les ancêtres de la famille, avant l’utilisation du papier journal, récupérer chez les notaires, les actes juridiques obsolètes pour envelopper les pièces à cuire.
- la préparation de moule argile pour la cuisson, on parle aussi de « pain d’argile ». Jusque dans les années 1995 l’argile était extraite directement de terre aux environs de Nay selon un accord passé avec les agriculteurs locaux. Il s’agit d’un travail saisonnier effectué par deux personnes sur trois semaines. Les accords terriens diminuant petit à petit, la nécessité de trouver un nouveau filon et après plusieurs essais d’argile, il s’avère qu’aujourd’hui, les pains sont fabriqués à base : d’argile noire provenant de Loire-Atlantique, mélangée à de la paille, et d’argile jaune originaire des alentours de Revel.
- le brasage est une technique connue depuis l’âge du bronze, dont l’origine se trouve dans la cuisson au charbon et au feu de bois. Le four était composé de deux foyers : un pour le charbon, l’autre pour le pain. La cuisson est une étape très importante, elle requière un savoir-faire particulier et une coordination des ouvriers qui rentrent et sortent les pains d’agile du four, qui peut monter en fin de journée jusqu’à 1 400°.
- Une fois les pièces cuites et sorties du four, il faut les nettoyer, leur donner leur forme définitive et procéder à la mise en son. Cette dernière étape est très technique car chaque troupeau possède sa propre harmonie et l’ajout d’une sonnaille nécessite un calibrage spécial, une oreille expérimentée est alors capitale.
En savoir plus (http://www.daban.fr/boutique/fr/content/6-l-entreprise-daban)
- La fabrication de bérets ou le travail de la laine (cf. François filière laine)
L’histoire du béret en Pays de Nay, autrefois appelé « lo bonnet » est issue d’une illustre tradition de tricotage à la main. En effet, les paysans se munissaient de bobines de laine filée et de quatre aiguilles de buis, puisque cette dernière se tricote en rond.
Pour trouver la laine, matière première dans la confection du béret, aucun souci grâce aux nombreux troupeaux des Pyrénées.
Une famille va s’illustrer dans ce commerce : fabrication et vente de bérets qui deviendra et est encore aujourd’hui, l’un des marqueurs identitaires de la France. La famille Blancq tenait à l’origine une entreprise de confection de draps depuis 1819 sous le nom des Ateliers Hydrauliques d’A. Blancq.
Un autre industriel, Prosper Fouard s’était installé dans la région depuis 1809 et était propriétaire d’une filature à Baudreix, spécialisée dans la confection industrielle. Adrien va avoir l’idée de s’associer avec lui et en 1830, l’entreprise devint la fabrique de bérets « BLANCQ et FOUARD », n 1875, la société est transmise à Prosper Blancq.
En 1868, Désiré Berchon créait le tissu de laine cardée, dit « tissu des Pyrénées » qui révolutionna la fabrication des tissus dans la région ; inventeur de talent, il va créer de nouvelles machines pour l’entreprise Blancq, ses projets ont d’ailleurs été présentés lors d’une exposition[3] universelle. En effet, dans un de ces courriers du 7 février 1892[4], Désiré Berchon y fait état de ses services rendus :
« En 1876, comme le berret se tricotait à la main, et que la production quotidienne était de 2 à 3 berrets, j’inventai une machine adaptée pour tous les fabricants du pays produisant 50 berrets par jour. Exposée en 1878, elle obtint un grand succès et j’eus toutes les félicitations du jury. »
Depuis ce temps, cinq générations de Blancq, Blancq-Olibet se sont succédés et ont développé cette fabrication, jusqu’à la fermeture définitive en 2014 de l’entreprise qui avait, quelques années plus tôt était délocalisée à Baudreix.
Dernier témoin de ce savoir-faire Le Musée du Béret, en place et lieu de site de production initial, ouvert en 1996 pour rendre hommage à l’histoire de l’entreprise familiale.
En savoir plus: http://www.museeduberet.com/content/6-le-musee
- L’industrie aéronautique
Fondée en 1938 dans la région parisienne par l’ingénieur Joseph Szydlowski, TURBOMECA est l’une des nombreuses entreprises d’aéronautique à se replier dans le Sud-ouest durant la Seconde Guerre mondiale. Fabriquant initialement des compresseurs pour moteurs d’avions, l’entreprise se spécialise après-guerre dans les turbines à gaz pour trains, avions et surtout hélicoptères.
L’installation à Bordes où les réserves foncières sont importantes intervient en 1942, au sein des vastes prairies qui s’étendent entre le Gave et le village (Cardèdes). Le canal du Baniou qui les traverse permet l’installation en 1920 d’un lavoir dont la construction est financée par E. Brun, bienfaitrice du village après la Première Guerre mondiale, également connue pour avoir constitué la propriété. Après avoir alimenté plusieurs moulins, le canal assure aujourd’hui le refroidissement des bans moteurs de l’usine.
TURBOMECA s’appuie d’abord sur le tissu industriel existant, investissant en 1940 une fabrique de chapelets à Saint-Pé-de-Bigorre. De même, elle installera des bureaux d’études dans l’usine textile Berchon de Nay, composés d’ingénieurs et de techniciens allemands et autrichiens arrivés en France le 18 juin 1946.
L’usine est progressivement agrandie, puis intégralement restructurée en 2012 en pôle aéronautique.
En savoir plus: https://www.amis-turbomeca.com/actualit%C3%A9s/